Gestion du temps : trois pièges à éviter quand on rédige sa thèse

Vous vous éparpillez? Vous vous sentez submergé par votre projet de thèse? Vous avez du mal à concilier votre thèse avec votre vie professionnelle et  votre vie familiale ? Cet article vous donne des astuces pour optimiser votre gestion du temps en temps de rédaction.

Trois signes typiques d’une mauvaise gestion du temps en doctorat

Il y a trois tendances que je retrouve souvent chez les doctorants avec lesquels je travaille :

  • un rythme en dents de scie – notamment quand on a un emploi, une famille et en plus une thèse à faire un parallèle.
  • ne travailler à sa thèse que si on a toute la journée devant soi.
  • de longues interruptions entre deux « journées thèse ».

Les voici, détaillées.

Piège N° 1 : un rythme en dents de scie

Le travail en dents de scie est fréquent chez les doctorants qui ont un emploi ou une famille – ou les deux .

Le week-end, ils sont libres, lisent ou écrivent 12h de suite, voire plus, sans se reposer : il faut exploiter tout le temps à disposition.

Les jours suivants, ils ne font rien – rien pour la thèse, mais beaucoup d’autres choses : leur emploi, leur famille, leur vie tout simplement, exigent d’eux toute leur attention, et toute leur énergie.

Puis le week-end arrive, à nouveau ils se lancent dans un marathon… et à nouveau ne touchent plus à leur thèse pendant plusieurs jours.

Résultat : quand ils reprennent leurs lectures ou leur rédaction, ils perdent un temps précieux à se remettre dans le bain après quelques jours d’interruption.

Reprendre le fil d’un travail abandonné plusieurs jours est laborieux; constater tout ce qu’on a oublié en quelques jours, alors qu’on était tellement concentré le week-end, est, à la longue, décourageant.

Peu à peu, sachant combien il faudra de temps pour retrouver le fil, la motivation diminue,  et se remettre au travail devient de plus en plus difficile quand le moment propice arrive.

Et puis, travailler trop longtemps sans pause est risqué : on est pris dans un état proche de l’ivresse, emporté par une vague d’inspiration – mais la concentration n’est pas inépuisable : la qualité de ce qu’on écrit risque d’être inégale.

Aussi vaut-il mieux  se reposer de temps en temps afin de garder un état de concentration optimal.

Bref : une bonne gestion du temps exige une bonne répartition de vos forces : votre énergie n’est pas inépuisable.

Piège N° 2 : ne travailler sur sa thèse que si on a toute la journée devant soi

Je croise souvent des doctorants qui me disent : si je n’ai pas 8h devant moi, je ne peux pas lire mes articles ou rédiger.

Or, lorsqu’ils ont toute une journée, pour peu qu’ils analysent leurs activités de la journée heure par heure, ils s’aperçoivent qu’ils ont fait beaucoup de choses en parallèle (par exemple : du rangement, de la recherche, surfé sur Internet, répondu aux divers messages, etc).

En fin de compte, ils n’ont lu ou rédigé qu’une heure ou deux – en tous cas pas toute la journée.

En tous cas pas 8 heures.

Et dans ce cas de figure, entre les rares journées entières dont ils disposent pour travailler, ils ne font rien pour leur thèse, ni lecture, ni rédaction; les pauses entre deux journées de travail sont longues, propices à l’oubli – et rendent, dans ce cas aussi, la reprise laborieuse.

Et bizarrement, cette situation ne concerne pas uniquement des personnes qui travaillent à côté de leur thèse ou qui ont une famille. Beaucoup n’ont rien d’autre à faire que leur thèse. Et pourtant, ils n’ont pas le temps.

Ce n’est pas une bonne gestion du temps que de ne vouloir travailler que si vous avez une journée devant vous.

Piège N° 3 : interrompre son travail pendant plusieurs jours

Les interruptions d’un processus de travail conduisent fatalement à des pertes d’information.  Quand elles sont exceptionnelles, elles ne portent pas à conséquence.

En revanche, si elles se répètent continuellement, elles ont une incidence néfaste sur la capacité à travailler.

Ces interruptions peuvent être dues à une activité qui vous éloigne de votre projet de thèse (emploi, travail sur le terrain ou autre).

Mais elles peuvent aussi être dues à l’éparpillement : un doctorat suppose plusieurs chantiers, et le fait de passer de l’un à l’autre de manière discontinue conduit à une vision morcelée du projet de recherche.

Rédiger sa thèse La Bruyère mal employer son temps

Accompagnée souvent de l’impression d’échouer à appréhender son sujet.

En général, on redouble alors d’efforts : on multiplier recherches et lectures, sans pour autant avoir l’impression d’avancer.

Au contraire : on finit par avoir l’impression de travailler pou rien.

Les interruptions continues sont le signe tangible d’une mauvaise gestion du temps.

Trois astuces pour bien gérer votre temps – même si vous avez peu de temps pour votre thèse

Tout comme les arrêts-départs continuels dans un embouteillage finissent par vider la batterie du véhicule, cette dynamique de stop and go pompe énormément d’énergie et vous vous épuisez.

Le remède à cette dynamique – et le secret d’une bonne gestion du temps – est la régularité : plutôt un peu tous les jours,  que rien souvent et beaucoup en une fois.

Attention, aménagez quand même une journée libre – si possible –  pour vous reposer vraiment.

Un peu tous les jours – idéalement 25′ par jour

Travaillez tous les jours à la rédaction de votre thèse, ne serait-ce que 25 minutes si possible : ce faisant, vous gardez le fil avec votre travail de thèse.

« Garder le fil », dans ce cas, veut dire beaucoup plus que tenir le fil : en travaillant tous les jours un peu, vous continuez de tisser du fil – vous générez des idées, vous vous posez des questions, vous leur cherchez des réponses.

Même si vous n’avez pas beaucoup de temps – ou si vous n’avez pas envie de travailler – consacrez 25 quotidiennement à  votre projet (quitte à vous lever un peu plus tôt) : pendant ces 25 minutes, vous pouvez relire ce que vous avez écrit, dresser les grandes lignes de ce que vous allez écrire les jours suivants, relire vos notes, écrire ce que vous avez retenu du texte lu la veille (par exemple).

Même si ces tâches ne sont pas toutes décisives, elles vous permettent de garder le contact avec votre projet.

Parfois, vous aurez le temps et l’envie de continuer.

Dans ce cas, c’est formidable : allez-y!

D’autres jours, vous devrez vous arrêter là.

Ne vous inquiétez pas : vous aurez quand même réalisé quelque chose pour votre thèse.

Il vous sera plus facile de continuer le lendemain que si vous faites une longue pause.

Et puis soyez certains que pendant le reste de la journée, votre cerveau continuera à brasser l’information – c’est l’effet Zeigernik, dont je vous parle plus bas.

Il travaille pour vous, même si vous n’en avez pas conscience.

Ce qu’il faut, c’est lui envoyer des stimuli.

C’est ce qui se passe durant ces 25′ quotidiennes.

Pour plus d’informations sur l’intérêt de travailler , même peu de temps, mais en mode monotâche, vous pouvez lire mon article sur le time boxing.

Pas trop en une fois : 3h d’affilée maximum

Parfois, vous serez pris dans une vague d’inspiration et vous mettrez à écrire sans voir le temps passer ; arrêtez-vous au bout de 3h : en effet, au bout de 3h, vous n’êtes pas encore épuisé : vous pouvez faire une pause et vous alimenter; après quoi, vous aurez encore de l’énergie pour reprendre le travail.

L’idéal est de vous arrêter de travailler alors que vous avez encore des idées pour la suite. Ainsi, après votre pause, vous saurez immédiatement par où commencer.

Ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est d’attendre l’épuisement pour décider de faire une pause : il vous faudra alors beaucoup de temps ensuite pour récupérer.

Le temps que vous aurez gagné – si tant est que vous en gagnez – à exploiter tout le temps disponible, vous le perdrez à récupérer vos forces.

Vous en avez peut-être déjà fait l’expérience : vous écrivez dix-huit heures sans pause, pris dans une vague d’inspiration.

Le lendemain, sauf si vous êtes sous pression, et donc sous adrénaline, vous êtes exténué et n’arrivez à rien produire.

Il vous faut plusieurs jours pour récupérer.

C’est ce rythme en dents de scie qu’il faut éviter – sauf évidemment si vous faites partie de ceux qu’il stimule, auquel cas cet article n’est pas pour vous.

Bien sûr, pendant ces 3 heures où vous travaillez d’affilée, vous avez le droit de faire des pauses de 5-15′ selon vos besoins – toutes les heures, toutes les 45′, toutes les 90′.

Observez-vous.

Prenez au sérieux les signaux que votre corps vous envoie.

Parfois votre concentration baisse au bout de 40′ – peut-être que c’est parce que vous êtes fatigué. Ou que ce que vous faites ne vous passionne pas particulièrement. Ou bien que la tâche beaucoup de concentration.

Quoi qu’il en soit, vous gagnez du temps en faisant des pauses plus qu’en vous forçant à travailler alors que vous n’arrivez plus à vous concentrer.

C’est la régularité qui paie ou Marina : une success story

Quand j’ai rencontré Marina à ma formation Du chaos des idées à la thèse réussie, elle avait 4 enfants en bas âge et était enceinte du cinquième.

Elle avait en outre un travail à plein temps à l’université.

Et une thèse qui attendait d’être terminée depuis deux ans.

Elle s’est inscrite à ma formation parce que son employeur exigeait qu’elle ait son titre de Docteure à la fin de l’année.

Et qu’elle ne savait pas du tout comment faire.

Pendant la formation, elle a appris des techniques de rédaction qui lui ont permis de mettre de l’ordre dans ses idées.

Et de rédiger un texte rapidement en l’abordant pas à pas.

Et puis elle a mis mes conseils en pratique.

Tous les jours, sauf le week-end, elle consacrait 90 minutes à sa rédaction.

Ni plus, ni moins.

Elle s’était aménagé une plage de temps où elle était tranquille et où il était interdit de la déranger – de 5h à 6h30 le matin.

En 90 minutes, elle rédigeait, selon les jours, 2 à 3 pages.

En cinq mois, sa thèse était bouclée, et ce sans stress ni nuits blanches.

Sans que sa famille ait à en pâtir.

Ni son travail à la fac.

Une gestion du temps efficace se fonde sur la régularité – pas sur la quantité de temps de temps disponible.

D’où l’intérêt de connaître les bonnes techniques pour savoir exploiter le temps disponible efficacement.

Faites travailler votre cerveau pendant que vous faites autre chose – l’effet Zeigernik

La psychologue russe Bluma Zeigernik a montré qu’on se souvient mieux et plus longtemps des tâches inachevées que de celles qu’on a terminées.

En effet, le problème à résoudre continue d’occuper la pensée.

Quel rapport avec la thèse?

Vous pouvez tester ce principe dans différentes situations : pour combattre la procrastination ou en cas de blocage, par exemple.

L’effet Zeigernik contre la procrastination

Si vous avez tendance à la procrastination quand vous rédigez, une astuce à tester : ne finissez pas votre phrase avant de faire une pause – ou de quitter votre bureau.

Pour beaucoup, cette phrase interrompue facilite la reprise ensuite : ils ont hâte de finir leur phrase, et donc en arrivant au bureau, ils n’ont qu’une envie : reprendre leur texte là où ils l’avaient laissé.

Gérer son temps quand on rédige sa thèse effet zeigernik

Ce principe vaut également lorsque vous lisez un texte.

En interrompre la lecture avant la fin du chapitre, de la section, peut avoir un effet productif : pendant que vous vous reposez, pendant que vous faites autre chose, ou pendant votre sommeil, votre cerveau continue à croiser des idées, en relier entre elles, ou activer des connaissances passives.

En reprenant votre texte, il se peut que vous soyez impatient ce connaître la suite. Il se peut même que vous en ayez une meilleure compréhension que la veille.

L’effet Zeigernik pour débloquer une situation

Le principe Zeigernik peut aussi être utile en cas de blocage. La tendance, quand on est bloqué, est de s’acharner.

Par exemple Gertrude, qui au bout de six heures de rédaction, tombe sur un nœud qu’elle ne parvient pas à dénouer.

Déjà fatiguée, elle refuse de faire une pause avant d’avoir résolu le problème.

Résultat : elle passe trois heures dessus, s’énerve, s’épuise.

Et ce n’est que quand ses yeux commencent à se brouiller qu’elle décide d’éteindre son ordinateur. Elle va faire un tour pour se détendre.

Et là, ô surprise, lui vient la solution.

Que s’est-il passée?

D’abord, elle s’est détendue.

Elle a, comme on dit, lâché prise.

Ce faisant, son cerveau a pu reprendre sont activité : relier, croiser, générer, activer des idées.

Et il lui a servi la solution qu’elle cherchait désespérément sur un plateau.

Pour conclure

L’idée qu’une bonne thèse s’écrit dans la souffrance et qu’un bon doctorant ne vit que pour sa thèse est un mythe bien ancré dans certaines têtes – et que certains se plaisent à alimenter, pour des raisons diverses et variées.

Que celui qui est bien concentré lorsqu’il souffre ou est épuisé se manifeste, son secret m’intéresse!

Ce n’est pas dans la souffrance et la fatigue que vous êtes le plus performant.

C’est quand vous êtes en forme.

Donc, tous les jours, aménagez des moments pour recharger vos batteries – faire du sport, de la musique, méditer… trouvez ce qui est pour vous une source de plaisir, ce qui vous ressource, ce qui vous permet de recharger vos batteries.

Dosez votre énergie afin d’en avoir jusqu’au bout!

Rappelez-vous : le secret d’une bonne gestion du temps, c’est la régularité.

P.S.: Si vous vous préparez à rédiger votre thèse, facilitez-vous la vie en rejoignant ma formation Du chaos des idées à la thèse réussie.

Related Posts

Leave a Reply


Your email address will not be published. Required fields are marked

  1. Merci pour votre article, je me reconnais pleinement dans les situations que vous décrivez, Martha!

  2. Merci Martha!! J’ajouterais que tous ces bons conseils sont valables pour l’après-thèse également. J’ai actuellement l’impression d’avoir du temps, beaucoup de choses à faire et à ne pas être toujours très efficace. Tout ça aussi parce que j’ai différentes casseroles sur le feu. Ca m’a fait du bien de lire votre article, et je vais aussi reprendre celui des objectifs (« Elaborez une stratégie de travail en 3 étapes »). Ensuite, je suis sûre que je me sentirai mieux et que j’aurai plus de temps.
    Bon courage à toutes et à tous!
    Stéphanie

    1. Bonjour, Stéphanie, je confirme : ces astuces sont valables pour tout projet d’envergure. Me concernant, mon projet de formations en ligne constituent une foule de chantiers – ou comme vous dites, de casseroles sur le feu. Ces astuces m’aident grandement à ne pas (trop 🙂 me disperser. Bon courage à vous aussi pour la dernière, toute dernière ligne droite! 🙂

  3. Querida Martha.

    !Me han encantado tus reflexiones y aportaciones! Gracias a tu curso mejoré mucho a la hora de trabajar en mi tesis doctoral.

    Una de mis profesoras más queridas decía: « avancemos el documento por aproximaciones sucesivas ».

    ¿Entonces….tomo acción?: 5 meses, 2 horitas, 3 páginas al día et……Voilà ma thèse! ;))
    Te cuento en septiembre.

    Merci toujour et beaucoup!

    Paloma Orte

    1. Hola Paloma, que alegría tener noticias tuyas. ¿Cómo van las cosas? En todo caso, si, toma acción – y cuentame como avanzas!
      “Arrastrando, arrastrando, el caracol se va encaramando” 🙂
      Muchos saludos 🙂

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
Plugin WordPress Cookie par Real Cookie Banner