Corriger votre manuscrit de thèse efficacement – huit astuces

Vous voulez corriger votre manuscrit de thèse, mais vous ne savez pas comment?

Dans cet article, je vous explique comment procéder efficacement pour bien corriger sans gaspiller de temps.

Je vous explique : 

  • les erreurs à éviter quand vous corrigez votre manuscrit.
  • Pourquoi il est indispensable de prendre du recul
  • Les inconvénients du travail sur écran
  • Comment vous organiser afin que votre concentration reste bonne
  • Comment obtenir des retours efficaces de vos relecteurs.

La condition sine qua non pour corriger correctement votre manuscrit de thèse

Gertrude a l’habitude de procéder aux corrections immédiatement après avoir fini son texte.

Résultat : elle ne voit pas certains problèmes.

Elle ne voit pas par exemple que le nom auquel se rapporte un pronom donné se trouve trois pages en amont – et qu’entretemps cinq autres noms apparaissent, qui pourraient très bien correspondre à ce pronom.

Voulez-vous connaître la condition sine qua non pour une correction efficace?

La voici.

C’est la distance.

Il faut absolument pouvoir prendre de la distance par rapport à son texte pour pouvoir le lire avec un regard étranger.

Sinon, vous risquez de ne pas voir certains problèmes – tel celui de Gertrude avec ses pronoms.

Alors qu’avec du recul, ils vous sautent aux yeux.

Ou bien parfois, on écrit des choses sous le coup de l’émotion (certes, une thèse se doit d’être dépouillée d’émotions, mais derrière la thèse il y a un humain doté de chair, de sang et d’émotions).

On peut être en colère contre un auteur sur lequel on travaille.

On peut avoir peur de ce qu’on avance – ou n’ose avancer.

Quoi qu’il en soit, émotions et rédaction peuvent constituer un cocktail explosif.

Se relire à quelques jours d’intervalle aide à prendre du recul, aussi, par rapport à cette émotion et à lui donner une forme accessible au lecteur.

Donc, mon conseil : évitez de corriger votre texte tout de suite après l’avoir écrit.

Laissez passer du temps, une bonne nuit au minimum, plus si possible, avant d’entreprendre les corrections.

Pourquoi corriger son manuscrit à l’écran est souvent inefficace

Gertrude travaille uniquement sur l’ordinateur.

Elle refuse d’imprimer son texte.

Elle refuse de gaspiller du papier.

Mais elle a beau passer des heures à corriger son manuscrit, quand elle l’imprime, elle n’en croit pas ses yeux.

Des erreurs lui sautent aux yeux, qu’elle n’avait pas seulement vues à l’écran.

Pourquoi ne les voit-elle pas sur l’écran?

Voici cinq raisons.

La lecture d’un texte sur écran est plus fatigante pour les yeux que sur le papier

La lumière qui se réverbère sur le papier est moins intense que celle de l’écran.

Or des yeux fatigués verront plus difficilement des erreurs.

Et en cas de fatigue, l’envie de corriger ou de procéder à des modifications importantes sera réduite.

Une bonne vision d’ensemble est indispensable pour corriger

Quelle que soit la taille de votre écran, vous ne voyez jamais qu’un segment du texte.

Les va-et-vient sont vite ennuyeux voire épuisants.

Pire, ils empêchent une bonne vue d’ensemble, indispensable pour corriger un texte volumineux tel qu’un manuscrit de thèse.

Sur la version imprimée, vous pouvez constater plus rapidement si vous n’avez pas écrit deux fois le même passage, ou si tel paragraphe en page 15 ne serait pas plus pertinent en page 3, par exemple.

Le travail sur papier facilite la concentration

Enfin, la correction sur papier peut favoriser la concentration : sans parler des notifications et autres sources de distraction, les correcteurs qui soulignent voire modifient un mot peuvent vous distraire.

Les possibilités de chercher rapidement (rapidement?) un synonyme sur un dictionnaire en ligne peut vous faire amener à chercher encore et encore LE bon terme;

Quand vous ne cliquez pas simplement – inopinément – sur une publicité.

Les limites du papier vous obligent (et vous aident) à vous concentrer sur l’essentiel.

L’intelligence corporelle est impossible sur l’écran

Certaines personnes réfléchissent mieux quand elles peuvent mobiliser d’autres sens que la vue, et notamment le toucher. 

Si, pour vous, il est indispensable de pouvoir toucher le papier, manipuler des stylos, pour réfléchir correctement, vous forcer à faire les corrections sur l’ordinateur va vous rendre la tâche plus difficile.

Seule la lecture sur papier offre une expérience tactile et physique.

Vous n’avez pas envie de gaspiller du papier pour corriger votre texte?

Si vous n’avez pas envie de gaspiller du papier, utilisez du papier brouillon.

Vous n’avez besoin que du verso.

Les universités et autres administrations produisent du papier brouillon en grandes quantités.

Pourquoi ne pas le recycler pour les corriger votre thèse?

Formatez votre texte pour pouvoir le corriger

Oui mais sur l’ordinateur, je peux ajouter, supprimer, changer de place plus facilement que sur papier! m’objecte Gertrude.

C’est vrai.

Et c’est là aussi que se trouve le danger.

Car l’ordinateur est fabuleux.

On peut passer des heures à fignoler une phrase.

A déplacer un mot, une phrase, un paragraphe.

A chercher le synonyme le plus parlant.

Bref, le problème de Gertrude, c’est qu’elle tombe vite dans le piège des modifications d’ordre esthétique, qui ne sont nullement des corrections.

Finalement, elle perd son temps, sans que les corrections n’avancent.

Les contraintes qu’impose le travail sur papier ont aussi des bénéfices.

Pour pouvoir noter vos corrections (et uniquement les corrections), voici quatre conseils.

  1. Laissez une marge de quelques 5 cm, où vous pourrez apporter vos corrections à la main.
  2. Ecrivez en double interligne, afin de pouvoir inscrire des modifications entre les lignes.
  3. N’imprimez que le recto des feuilles.
  4. Numérotez les feuilles (c’est indispensable pour éviter le chaos si elles venaient à se mélanger!).

L’intérêt des couleurs vives pour corriger

Gertrude note toutes ses corrections au crayon noir.

Tu comprends, il faut que je puisse gommer, si je change d’avis.

Résultat?

Beaucoup de corrections sont peu visibles.

Elle ne les voit pas lorsqu’elle entre les modifications dans l’ordinateur.

Il faut que vos corrections soient visibles.

Or, s’il est une couleur visible sur des feuilles blanches, c’est bien le rouge.

Si cette couleur vous rebute, alors choisissez-en une autre.

En tous cas, corrigez avec un stylo, et un stylo de couleur voyante : il faut pouvoir repérer les corrections lorsque vous les saisirez.

Et afin de n’en oublier aucune, faites un trait vertical dans la marge, sur la même ligne, pour chaque correction que vous apporterez au texte,

Une correction, un trait vertical.

Ainsi vous n’en oublierez aucune lorsque vous recopierez votre texte au propre.

Faites confiance à votre intuition

Voilà des heures que je passe sur ce paragraphe! s’écrie Gertrude. Je sais qu’il n’est pas bon, mais je ne vois pas du tout comment l’améliorer. Je bloque, je n’en peux plus!

Comment faire dans un cas comme ça?

En tous les cas, si un passage vous déplaît, prenez ce sentiment au sérieux : il déplaira sans doute aussi à votre lecteur.

Si vous ne voyez pas comment l’améliorer sur-le-champ, voici ce que vous pouvez faire :

  • Marquez le passage avec une certaine couleur, autre que celle réservée aux corrections.
  • Si besoin, écrivez ce qui vous déplaît dans ce passage.
  • Laissez reposer.
  • Revenez au texte plus tard.

Même si vous ne trouvez pas de meilleure formulation au premier abord. Ce qui est important, c’est que vous ayez repéré le problème. Une solution s’imposera d’elle-même bientôt.

Ce qui échappe à l’œil n’échappe pas à l’oreille

Gédéon pensait avoir correctement corrigé son manuscrit.

Et pourtant, quand son amie lui a lu à haute voix un passage qu’elle trouvait particulièrement problématique , il a senti sa tête tourner.

Tout ce travail pour ça? s’est-il écrié au bord des larmes.

Voici une astuce imparable pour découvrir dans votre texte des passages ennuyeux, banals ou difficiles à comprendre.

Relisez-vous à haute voix.

Vous repèrerez immédiatement des redites, des phrases trop longues voire incompréhensibles, des manques ou des platitudes – par exemple.

Peut-être n’aurez-vous pas envie de relire toute votre thèse à haute voix – rassurez-vous : ce n’est pas nécessaire.

Mais pour les passages importants, et particulièrement les passages difficiles, prenez le temps de ce faire.

Le résultat vous surprendra :

  • vous repérerez mieux les erreurs, répétitions, fautes grammaticales, constructions compliquées, mots oubliés;
  • vous percevrez plus facilement si votre style est trop monotone, s’il est lourd ou s’il a besoin d’être aéré.

Une règle d’or à respecter : ce qui grince à l’oreille doit être corrigé.

Une remarque : si vous voulez que l’expérience soit encore plus percutante, faites comme Gédéon – demandez à quelqu’un de vous lire votre texte à haute voix.

Attention, ça peut faire mal – mais c’est efficace.

Demandez une aide concrète pour corriger votre manuscrit de thèse

Gertrude est hors d’elle.

Elle a demandé à son collègue Gégé de lire son texte et de lui faire un retour.

Gégé lui a fait le genre de retour qu’il fait à ses étudiants :

  • Pas clair.
  • Vraiment???!!!
  • ??!!!
  • A refaire.

Et autres commentaires du même acabit.

Pas plus que les étudiants de Gégé, Gertrude ne sait ce qu’elle doit faire de tous ces commentaires :

  • qu’est-ce qui n’est pas clair?
  • Que doit-elle refaire?
  • Comment?
  • Qu’est-ce qui est incompréhensible?
  • Ou simplement mal dit?
  • Et ces ??!!!, ça veut dire quoi?

Elle est furieuse.

Pour ne pas tomber dans ce genre de piège, qui empoisonne fatalement une relation sans vous aider pour autant, voici un principe à garder en mémoire.

Si vous voulez donner votre texte à lire à un tiers, ce qui peut être une bonne idée, assurez-vous que ce quelqu’un est en mesure de vous faire un retour constructif.

S’il n’a pas beaucoup d’expérience, faites-lui une liste de ce que vous attendez.

En effet, sans directives, la personne risque fort de s’intéresser à ce qui la frappe elle personnellement, mais qui est pour vous secondaire.

Par exemple, elle peut vouloir discuter du choix des mots alors que vous voulez savoir si votre argumentation tient la route.

Dans la mesure du possible, assurez-vous que la personne est qualifiée pour vous faire le genre de retours qui vous aideront.

Si vous n’avez jamais travaillé avec elle, commencez par lui donner une ou deux pages afin de la tester.

Ainsi, si vous constatez qu’elle ne peut pas vous aider, vous aurez économisé votre temps – et le sien.

Alternance vs. ennui

Gédéon est le champion de l’organisation.

Du moins c’est ce qu’on dit de lui.

Il a décidé de corriger son texte jusqu’au bout.

Et d’entrer les corrections ensuite.

Bizarrement, il peine à se motiver.

Il a eu beaucoup de mal à finir ses corrections dans les temps qu’ils s’était impartis.

Mais pour entrer les corrections, c’est encore pire : un rien le distrait, il doit s’y reprendre à plusieurs fois car il constate avoir oublié certaines lignes.

Ce qui s’annonçait comme un travail facile se révèle fastidieux et laborieux.

Quelle est l’erreur que commet Gédéon?

Il tombe dans le piège de la monotonie.

Il fait la même chose de longues heures durant.

Comment avoir seulement envie de se lever le matin quand on sait qu’on va passer sa journée à saisir des corrections?

Comment éviter le piège de la monotonie?

C’est tout simple : évitez de corriger, par exemple,  100 pages d’une traite pour saisir les corrections desdites 100 pages un autre jour.

Alternez plutôt des séances brèves de corrections avec des séances de saisie. A ceci, quatre raisons :

  1. l’esprit s’ennuie lorsqu’il ne fait qu’une seule activité trop longtemps : votre concentration risque de diminuer;
  2. si votre concentration diminue, vous oublierez probablement de saisir certaines corrections;
  3. si vous attendez trop longtemps avant de saisir vos corrections, vous risquez d’oublier ce que vous vouliez faire;
  4. c’est pendant que vous travaillez sur un texte, que vous êtes « dans le bain », que votre esprit continue à réfléchir – et donc que vous saurez le mieux ce que vous faites – et pourquoi vous le faites.

Il y a d’ailleurs une technique de gestion du temps qui pourra vous aider à alterner des blocs de correction et des blocs de saisie des corrections : le time boxing.

Pour conclure

Il est rare de trouver un texte sans coquille.

Donc rassurez-vous : vous en aurez toujours, et vous trouverez toujours quelqu’un qui en repèrera une.

Vous pouvez vous aider d’un correcteur d’orthographe – en voici le palmarès 2023 pour trouver ce qui vous convient le mieux.

Cependant, corriger votre manuscrit de thèse va bien au-delà d’une simple correction orthographique.

Il faut que votre raisonnement soit logique, que vos phrases soient compréhensibles, et que votre lecteur puisse vous suivre aisément.

Ce travail requiert du temps et de la disponibilité intellectuelle.

Et c’est dommage de renoncer à cette phase parce qu’on rédige dans l’urgence.

D’ailleurs, en ce qui concerne le travail dans l’urgence, je vous invite à (re)lire La Thèse, le Lièvre et la Tortue – ou pourquoi attendre le dernier moment est toujours dangereux.

Cette phase de correction est primordiale : c’est grâce à elle que vous réussirez à mettre en valeur vos idées, à mettre du relief dans votre texte, à donner à votre public cible l’envie de vous lire et d’apprendre de vous.

Non, une thèse, ce n’est pas juste une liste de résultats, ou une liste de citations. C’est un écrin qui vise à mettre en valeur vos pépites.

Prenez le temps de les rendre visibles!

P.S.: Vous vous préparez à rédiger votre thèse? Partez du bon pied en rejoignant mon programme d’accompagnement Du chaos des idées à la thèse réussie!

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  1. Merci beaucoup! Votre article tombe à pic, je suis en train de donner la dernière touche à ma thèse!!!

  2. Merci Martha pour ces conseils très utiles,
    C’est toujours extrêmement frustrant après plusieurs passages de réécriture de constater qu’il reste des coquilles !

  3. Bonjour Mme,
    Je trouve très intéressant les 8 astuces développées pour réussir la rédaction d’une thèse. Tout au long de mon travail de recherche, je souhaiterai bénéficier de votre expérience et de disponibilité.
    Merci

  4. C’est exactement ce dont j’avais besoin pour corriger mon manuscrit de thèse !
    Les corrections sans fin sont tellement démotivantes.

    Merci Martha pour ce sujet très pertinent.
    Sondes.

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