« Je n’ai pas assez de temps pour rédiger ma thèse! Ah si j’avais un an devant moi… » Avoir du temps devant soi pour rédiger, c’est bien… A condition de l’exploiter efficacement – comme la tortue dans la fable. Sinon, on risque de faire comme le lièvre : se mettre à courir top tard…
Gertrude a pris une année sabbatique
Gertrude a pris une année sabbatique : elle va rédiger sa thèse.
Une vie de rêve commence : une vie consacrée à l’écriture.
Enfin elle va pouvoir dire au monde tout ce qu’elle a découvert!
Une année rien que pour sa thèse : ça va donner quelque chose de génial !
Elle se voit déjà invitée sur tous les plateaux télé…
Gertrude est heureuse.
Le premier mois, elle profite de sa nouvelle vie : elle se promène beaucoup, voit des amis, leur raconte le bonheur d’une vie consacrée à l’écriture.
Le deuxième mois, elle se met à ranger ses notes, en fonction de son plan ; relit quelques articles, note des idées en vrac dans un cahier Moleskine avec une couverture souple en carton noir.
Le troisième mois, elle décide de commencer à rédiger – mais ça bloque.
La page reste blanche, l’écran, vide – alors que sa tête bouillonne d’idées.
Mais par où commencer ?
Elle regarde une série pour se vider la tête.
Puis une autre.
Ecrire demeure impossible – ça devient même angoissant.
Le troisième mois passe.
Le quatrième, le cinquième, le sixième mois, Gertrude regarde des séries en mangeant des chips et des barres chocolatées.
Elle se lève tard, dort mal, ne sort plus.
Elle a de moins en moins envie de s’asseoir à sa thèse.
Quand on l’appelle, elle s’énerve – je suis en train de travailler, je n’ai pas le temps.
Aussi, on ne l’appelle plus.
Quand, en avril, sa mère lui demande si elle a l’intention de venir passer les fêtes de Pâques en famille, Gertrude réalise soudain qu’elle n’a plus que trois mois pour rendre sa thèse.
Alors elle se met à écrire, tout ce qui lui passe par la tête, sans s’arrêter, sans se relire.
Elle n’arrive pas à suivre le plan qu’elle avait préparé, tant pis.
Elle voit bien que ce qu’elle écrit est bien en deçà de ce qu’elle est capable de faire.
Elle se hait, furieuse d’avoir ruiné tant d’années de travail consciencieux par manque de… par manque de quoi, au fait ?
Si seulement j’avais eu plus de temps… Juste un peu plus de temps…
Rien ne sert de courir, il faut partir à point, dit le Poète
Vous vous souvenez de la fable de La Fontaine?
Rien ne sert de courir; il faut partir à point
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage
Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but.
Sitôt? Êtes-vous sage?
Repartit l’animal léger
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore
Sage ou non, je parie encore
Ainsi fut fait: et de tous deux
On mit près du but les enjeux
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire
Ni de quel juge l’on convint
Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux calendes
Et leur fait arpenter les landes
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter
Pour dormir, et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur
Elle part, elle s’évertue
Elle se hâte avec lenteur
Lui cependant méprise une telle victoire
Tient la gageure à peu de gloire
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure.
A la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière
Il partit comme un trait; mais les élans qu’il fit
Furent vains: La Tortue arriva la première
Eh bien, lui cria-t-elle, avais-je pas raison?
De quoi vous sert votre vitesse?
Moi l’emporter! Et que serait-ce
Si vous portiez une maison?
Jean de La Fontaine
Le Lièvre et Parkinson
Le Lièvre de La Fontaine incarne merveilleusement la Loi de Parkinson.
Le travail s’étale de façon à occuper tout le temps disponible pour son achèvement.
C. Northcote Parkinson
Plus vous avez du temps devant vous, plus vous en perdez : ce qui pourrait se faire en une heure prend la journée.
Vous vous laissez distraire par tout ce qui passe.
Vous vous perdez dans des détails inutiles, fignolant, polissant – et souvent détruisant à force de fignolage – il faut donc recommencer à zéro.
Ou bien vous vous demandez s’il vaudrait mieux faire comme ci ou plutôt comme ça.
Dans le doute, vous allez faire un tour pour réfléchir.
Vous vous dites que demain est un autre jour et que vous y verrez plus clair.
Que demain vous serez plus en forme.
Que demain, c’est promis, vous commencerez à rédiger.
La Tortue et Carlson
La Tortue incarne magnifiquement la Loi de Carlson.
Un travail réalisé en continu prend moins de temps et d’énergie que lorsqu’il est réalisé en plusieurs fois.
Sune Carlson
La tortue se concentre sur sa course – sur son but.
Rien ne la distrait.
Rien de plus dangereux lorsqu’on rédige sa thèse que les interruptions, le multi-tasking : on perd le fil, il faut se reconnecter à son travail, ce qui coûte toujours du temps – et de l’énergie.
Alors que si on travaille de manière concentrée en continu, on avance plus efficacement.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’écrire 24h sur 24h en continu, ni même 8h par jour d’affilée.
Ce qu’il faut, c’est consacrer des moments à la rédaction … exclusivement consacrés à la rédaction : pas de téléphone, pas de messagerie, pas d’Internet – pas non plus de visites à la machine à café ou au frigo.
Quand bien même vous n’avez qu’une heure par jour pour rédiger, si vous travaillez comme la tortue fait sa course, vous hâtant lentement, vous progresserez mieux que beaucoup de lièvres dont la situation vous parait peut-être enviable, tant ils ont de temps à disposition…
Voulez-vous rédiger votre thèse en mode Lièvre ou Tortue ?
Pour conclure : avoir beaucoup de temps pour rédiger peut sembler attrayant, mais ça peut vite devenir un piège.
Ce n’est pas la quantité de temps que vous avez à disposition qui importe – mais la manière dont vous utilisez le temps à disposition.
Vous ne voulez pas rédiger votre thèse en mode Lièvre? Alors rejoignez pas formation Du chaos des idées à la thèse réussie!
Attention, si vous venez de découvrir que les échéances sont dans deux mois, cette formation ne vous aidera pas : elle n’est pas prévue pour une rédaction dans la panique.
Au contraire, elle vous montre comment préparer pas à pas votre travail afin que vous puissiez rédiger votre thèse sereinement – en mode Tortue, vous hâtant lentement.
Quand vous connaissez la bonne méthode, rédiger n’est plus une corvée – ce peut même être une source de joie.
Or c’est dans la joie que vous êtes le plus efficace!
Merci Martha!
Avec plaisir, Danielle 🙂 !