Vous passez des heures à lire des articles scientifiques… sans être sûr d’en tirer le meilleur ?
Les techniques de lecture utilisées en licence ou en master ne suffisent plus : pour réussir votre thèse, vous avez besoin d’une méthodologie de lecture scientifique efficace, sélective et critique.
Dans cet article, je vous montre neuf erreurs typiques à éviter quand on lit la littérature scientifique et, surtout, les bonnes pratiques à adopter pour gagner du temps et retrouver du plaisir à lire.
En appliquant ces conseils, vous pouvez réduire de 30 % votre temps de lecture tout en augmentant la qualité de vos notes.
Lire des articles scientifiques fait partie du quotidien de tout doctorant. Pourtant, beaucoup tombent dans les mêmes pièges : vouloir tout lire, reporter la lecture, prendre des notes inutilisables… Résultat : des heures perdues et une impression de ne jamais avancer.
La bonne nouvelle : en évitant ces erreurs et en mettant en place une lecture sélective, méthodique et orientée vers votre problématique de thèse, vous allez non seulement gagner du temps mais aussi stimuler votre créativité.
Transformer votre recherche bibliographique en un processus simple, productif et même motivant en corrigeant ces erreurs.
Lire ou ne pas lire? Le dilemme du jeune chercheur
Ne pas savoir sélectionner les articles pertinents – ou comment se perdre dans ses lectures
Au vu de la masse de littérature qui paraît quotidiennement, tout lire est impossible. Or la tendance est de vouloir tout lire, par peur de perdre une information importante.
Ou bien on veut lire ce qui est intéressant. Ce qui est important.
Oui mais, quels sont les critères qui vous disent si un article scientifique est intéressant? Important?
Dans ce qui se publie, la grande majorité des articles et des livres, même s’ils sont en lien avec votre sujet, ne contiennent pas forcément des informations utiles pour votre propre thèse.
- Il y a des textes majeurs – ce sont des textes de référence, des textes clé, qu’il faut absolument avoir lus et compris.
- Il y en a qui apportent des compléments, des nuances, quelques détails : il est bon de les connaître.
- Il en est beaucoup qui sont inutiles pour les besoins de la thèse.
Comment éviter la surcharge de lectures en thèse
Avant de vous lancer dans la lecture d’un texte, définissez vos besoins : que voulez-vous trouver dans le texte?
Vos besoins vont évoluer avec le temps. Vous pouvez très bien lire le même texte plusieurs fois en ayant à chaque fois des besoins différents. Vous verrez que vous aurez des critères beaucoup plus précis pour choisir la littérature que si vous vous limitez aux adjectifs « important » ou « intéressant ».
Entraînez-vous à sélectionner les textes en fonction de vos besoins. Vous verrez très vite les résultats bénéfiques de vos choix!

Tout lire du début jusqu’à la fin : plutôt pratiquer la lecture sélective
Pourquoi la lecture exhaustive est contre-productive en doctorat
Quand vous voulez lire la littérature scientifique, souvent vous voulez tout lire, du début jusqu’à la fin.
C’est un excellent moyen pour vous décourager : vous lisez du matériel qui est peut-être intéressant, mais qui ne répond pas forcément à vos besoins du moment.
Et comme il ne répond pas à vos besoins, et qu’en plus l’information est dense, très vite la concentration décline.
L’intérêt pour le texte décroit. Autrement dit, pendant que vos yeux se déplacent sur le texte, votre esprit est ailleurs.
Vous devez relire le même passage, parfois plusieurs fois.
Vous vous épuisez.
Et pendant ce temps, la pile de textes à lire augmente à la Vitesse V.
Comment pratiquer une lecture sélective
Tout ce qui a été publié sur votre sujet n’est pas d’égale importance pour vous.
Et, dans un seul texte, tout ce qu’il contient n’est pas forcément important pour vous en ce moment. Une lecture efficace est une lecture sélective.
Laissez de côté ce qui ne correspond pas à vos besoins.
Concentrez-vous sur les passages qui répondent aux besoins de votre thèse.
Sauter de référence en référence – et ne rien lire
Pourquoi il est dangereux d’ouvrir des dizaines d’articles sans en lire aucun
Confier sa recherche bibliographique à l’aléatoire est dangereux : on ne maîtrise pas ses lectures. On ne voit pas où on va. On lit des informations inutiles, et on passe à côté d’informations clé.
En quoi sauter de référence en référence revient à confier ses recherches à l’aléatoire?
Voici un exemple.
Vous lisez un texte.
Une note apparaît en bas de page avec une référence intéressante?
Hop, on ouvre la référence et on se met à la lire.
Ici, on trouve une autre référence en note?
Hop, à nouveau on abandonne le texte pour ouvrir la nouvelle référence.
Et ainsi de suite.
A forcer d’ouvrir les références sur lesquelles citées par le texte, on se disperse, on perd le fil, on ne sait plus ce qu’on cherchait… C’est le hasard qui décide de ce qu’on va lire.
Résultat : la recherche bibliographique n’a aucune structure et devient vite ingérable.
Finissez la lecture du texte dont vous avez besoin
Ne sautez jamais de référence en référence.
Finissez le texte que vous avez commencé.
Vous pourrez toujours aborder la nouvelle référence ensuite.
Si elle répond à vos besoins.
Lire un texte scientifique : avec ou sans pauses?
On ne lit pas un article scientifique comme on lit un roman
La densité d’informations contenue dans un texte scientifique est telle qu’il est impossible de tout lire,de tout comprendre, de tout retenir si on lit l’article (ou le livre) d’une traite.
Il arrive un moment où vous devez digérer ce que vous avez lu.
N’attendez pas d’avoir fini un long texte pour penser à la digestion!
Entrecoupez vos lectures de phases de récapitulation
Au lieu de lire et de relire plusieurs fois un passage, alternez les phases de lecture avec des phases de récapitulation (écrite, mentale, ou orale). Pourquoi? Parce qu’en alternant lecture et récapitulation, vous améliorez votre compréhension du texte.
- Vous vérifiez que vous avez bien compris ce que vous avez lu. En effet, au moment de récapituler, on se rend compte parfois que le lien entre A et B n’est pas si clair, ou qu’un élément manque.
- Vous pouvez corriger ce que vous n’avez pas bien compris en relisant le passage concerné.
- Vous entraînez la lecture sélective. Car alors vous vous concentrez à récapituler uniquement ce qui vous sert – comme le montre cette étude.
Prendre des notes de lectures en copié-collé : faites plutôt des synthèses
Pourquoi le copié-collé est inefficace
Le copié-collé donne l’illusion de gagner du temps. En fait il vous en fait perdre. En effet, copier-coller un passage, c’est l’arracher à son contexte. Lorsque vous le relirez dans quelques mois, vous risquez de ne plus comprendre ce qu’il voulait dire. Et donc de consulter l’article d’origine. Pour souvent constater que ce passage est sans intérêt. Or les notes de lecture servent à construire votre culture générale. Et vous serviront le jour où vous devrez rédiger votre thèse. Aussi faut-il qu’elles soient bien prises.
Structurez vos notes de lecture
Des notes de lecture efficaces doivent être synthétiques. Vous les mémoriserez mieux si vous faites vous-même la synthèse.
D’autre part, il faut que d’un coup d’œil vous puissiez trouver dans vos notes l’information dont vous avez besoin. Aussi faut-il les structurer. Regardez ma vidéo sur YouTube pour apprendre à structurer vos notes de lectures.
Vous perdre dans les détails avant de comprendre les grandes lignes
Quand vouloir tout comprendre vous distrait de l’essentiel
Beaucoup, lorsqu’ils lisent la littérature scientifique, veulent tout de suite tout comprendre.
Ils butent sur des détails (par exemple : des mots nouveaux ou des informations qu’ils ne connaissent pas – mais qui souvent ne sont pas indispensables à connaître à ce stade). Alors ils font des recherches pour comprendre les détails. Mais comment comprendre les détails quand on n’a pas d’abord compris et assimilé les grandes idées du texte?
Commencez par la macrostructure du texte
Lorsque vous lisez la littérature scientifique, il faut d’abord identifier les idées principales avant de vous intéresser aux détails. Quand on a compris les idées principales, comprendre les détails est plus aisé. Le contraire n’est pas vrai. 
Croire tout ce qui est écrit dans un article scientifique : aiguisez votre esprit critique
Si c’est publié, c’est que c’est vrai?
Beaucoup de doctorants débutants partent de l’idée que si c’est publié, c’est que c’est vrai.
C’est là se préparer de gros problèmes dans l’avenir. Non, tout ce qui est publié n’est pas forcément vrai, encore moins toujours vrai.
- Il faut garder à l’esprit que derrière tout texte il y a un être humain, avec ses émotions, ses doutes, ses convictions, ses biais. Et aussi, sa manière de voir les choses – qui peut différer de la vôtre.
- Et puis, il y a du bluff, parfois – en sciences comme ailleurs.
- Enfin, il y a des intérêts, qui souvent jouent un rôle important – tel travail sera financé par tel groupe. Et donc livrera des résultats biaisés pour satisfaire le financeur.
Soyez critique
Activez votre regard critique : ne prenez jamais ce qui est publié pour argent comptant.
Cherchez à savoir qui finance une recherche donnée.
Confrontez les textes les uns avec les autres, soyez actif, interrogez les textes.
Lire un article scientifique : avec ou sans limite de temps?
Procrastination, perte de temps quand on lit la littérature scientifique
Commencer à lire un article sans se fixer une limite de temps, c’est risquer d’en perdre dans des lectures inutiles. Sans limite de temps, la tendance est de faire durer la tâche. Vous connaissez peut-être la loi de Parkinson :
Le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement.
Cyril Northcote Parkinson
Et puis, en général, une tâche qui s’éternise est une tâche à laquelle on a de moins en moins envie de s’attaquer. Ce qui par conséquent va la faire traîner davantage. La procrastination guette.
Lisez la littérature scientifique montre en main
Si vous avez tendance à perdre votre temps lorsque vous lisez la littérature scientifique, le time boxing peut vous aider. A commencer. Et à finir.
En quoi consiste le time boxing?
Fixeez-vous une limite de temps et une tâche à réaliser. Par exemple, vous vous fixez 20 minutes pour trouver la réponse à telles questions dans tel article.
Au bout des 20′, l’alarme sonne. Et alors, vous avez trois options :
- vous avez trouvé ce que vous cherchiez? Alors inutile de poursuivre plus loin.
- Le texte ne contient pas les réponses désirées? Alors changez de texte.
- Vous avez besoin de plus de temps pour trouver les informations recherchez? Alors donnez-vous un laps de temps.
Travailler montre en main facilite la concentration. Vous allez à l’essentiel. Et si vous vous perdez dans des détails inutiles, vous vous en apercevrez lorsque sonnera l’alarme.
En effet, en vous donnant une limite de temps, vous voyez la fin du tunnel.
Rester immobile – une fausse bonne idée quand on lit
L’immobilité ankylose l’esprit
Lire de la littérature scientifique exige une attention soutenue.
En restant assis, immobile, le corps s’engourdit : inspiration et expiration deviennent plus courtes, d’où une diminution de l’oxygénation du cerveau.
Conséquence : une chute de la concentration.
Autrement dit, l’inertie favorise la passivité : on “avale” le texte sans recul critique.
Un esprit actif dans un corps en mouvement
Bouger – se lever, marcher, faire quelques étirements – relance la circulation sanguine et l’apport d’oxygène. Ce qui réactive les réseaux attentionnels et la mémoire de travail. Voici quelques exemples :
- Vous récapitulez mentalement? Fermez les yeux! Ils pourront ainsi se reposer.
- Changez de position : vous pouvez marcher si vous récapitulez oralement ou mentalement, ou vous allonger.
- Si vous écrivez, vous pouvez vous lever : la position debout présente de nombreux avantages : meilleure concentration, amélioration de la clarté d’esprit, stimulation de la vigilance – entre autres.
- Et rappelez-vous que bouger active la circulation – et donc l’irrigation de votre cerveau! Non, il n’est écrit nulle part que la seule position pour lire la littérature scientifique soit la position assise!
Pour conclure : une stratégie efficace est nécessaire pour lire la littérature scientifique de manière efficace
Lire la littérature scientifique en thèse exige une stratégie efficace. Vous avez besoin de savoir où vous allez. Vous avez besoin de pratiquer une lecture sélective. Et active. En aucun cas vous ne devez avoir une lecture passive qui vous amène à subir vos textes.
Et puis, en aucun cas vous n’avez le droit de confier vos recherches au seul hasard. Certes, le hasard fait – parfois – bien les choses. Mais confier votre recherche au seul hasard est dangereux.
Votre thèse, c’est vous qui la menez à bien.
Commencez dès aujourd’hui avec 20 minutes de lecture sélective. Vous remarquerez immédiatement le résultat!
Pour aller plus loin, téléchargez mon workbook : 5 principes pour des notes de lecture efficaces. Indispensable pour lire la littérature scientifique quand on prépare une thèse!
P.S. Quelle est l’erreur que vous faites le plus souvent? Dites-le moi en commentaire!

