Lire la littérature scientifique : dix erreurs à éviter

Lire et rédiger sa thèse Fachliteratur lesen Promovieren

Vos recherches bibliographiques sont laborieuses? C’est peut-être parce que vous faites l’une des erreurs listées dans cet article. Identifiez-les pour améliorer la qualité de vos lectures.

Certains livres doivent être goûtés, certains dévorés, mais seuls quelques-uns doivent être mâchés et digérés à fond.

Francis Bacon

La peur de passer à côté d’une information importante, la volonté de gagner du temps, et l’angoisse face à la montagne de textes à lire complique la lecture de vos textes scientifiques. Votre lecture est lente, vous relisez le même passage plusieurs fois, vous perdez le fil en cherchant des mots nouveaux.

Tout lire du début jusqu’à la fin

Beaucoup de doctorants pensent que lire la littérature scientifique exige de lire chaque texte du début à la fin. C’est ainsi qu’on a appris à lire.

C’est ainsi que j’ai procédé lors de ma première année de thèse : chaque titre intéressant promettait monts et merveilles. Je commençais à lire et déchantais rapidement. Ce n’était pas ce que j’attendais.

Mais l’espoir de trouver une information intéressante, la peur de passer à côté d’une information importante, me faisaient lire des centaines de pages qui ne m’apportaient rien.

Résultat: mes lectures étaient laborieuses, ennuyeuses, inefficaces.

Jusqu’à ce que mon directeur me dise : « vous êtes en thèse, vous ne pouvez pas tout lire du début jusqu’à la fin. Il faut sélectionner les informations. Vous donner des objectifs de lecture. Lire uniquement les partie qui vous intéressent. Sinon, vous n’y arriverez pas. »

Ce conseil a changé ma vie et sans doute sauvé ma thèse. Il ne faut pas tout lire. Il faut lire uniquement ce dont vous avez besoin.

Tout lire à même vitesse

Vouloir tout lire, du début jusqu’à la fin, est un excellent moyen pour vous décourager : vous lisez du matériel certes intéressant, mais ne répondant pas à vos besoins du moment.

Pendant que vos yeux se déplacent sur le texte, votre esprit est ailleurs. Vous devez relire. Vous vous épuisez.

Et la pile de textes à lire augmente à la Vitesse V.

Tout ce qui a été publié sur votre sujet n’est pas d’égale importance pour vous, et, dans un seul texte, tout ce qu’il contient n’est pas forcément important en ce moment.

Une lecture efficace est une lecture sélective. Laissez de côté ce qui ne correspond pas à vos besoins.

Lire sans objectif

Lire sans savoir ce que vous attendez d’un texte conduit au sentiment d’être submergé par la quantité d’informations. Tout vous semble important, vous voulez tout garder.

Ce faisant, vous risquez de ne pas voir l’information vraiment importante qui est celle dont vous avez besoin. Avant d’aborder un texte, demandez-vous toujours ce que vous en attendez.

Vous pouvez le lire plusieurs fois en fixant à chaque fois un objectif différent. Mais évitez de lire sans objectif, vous risquez de vous perdre dans le flux d’informations.

Dans cette vidéo, je vous explique pourquoi vous avez besoin d’objectifs pour lire la littérature scientifique efficacement.

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Lire sans faire de pauses

La densité d’informations contenue dans un texte scientifique est telle qu’il est impossible de tout lire, tout comprendre, tout retenir si on lit l’article (ou le livre) d’une traite.

Il arrive un moment où vous devez digérer ce que vous avez lu. Aussi plutôt que de lire et de relire plusieurs fois un passage, alternez les phases de lecture avec des phases de récapitulation (écrite, mentale, ou orale).

Cette alternance vous permet de vérifier ce que vous avez vraiment retenu, de corriger si besoin, et surtout de reposer votre esprit.

Profitez-en pour fermer les yeux, ou changer de position : récapitulez oralement en marchant, allongez-vous pour visualiser votre contenu, levez-vous pour noter ce que vous avez retenu sur un tableau, par exemple.

Souvenez-vous que la position assise n’est pas la seule possible. Et que bouger active la circulation et donc l’irrigation de votre cerveau!

Lire et vous perdre dans les détails

Lorsque vous lisez un texte, il faut d’abord identifier les idées principales avant de vous intéresser aux détails. Sinon, vous risquez de vous perdre dans les détails.

Ce risque est augmenté si vous surlignez ce qui semble important à la première lecture. Car ce qui semble important lorsque vous découvrez un texte, c’est un détail nouveau, un mot nouveau. En le surlignant, vous lui accordez une importance qui ne se vérifiera que lorsque vous aurez une bonne vision d’ensemble du texte.

Or s’il est surligné, c’est lui que votre mémoire visuelle retiendra – au détriment d’idées peut-être plus importantes.

Repérez toujours la macrostructure d’un texte avant de vous intéresser aux détails : vous comprendrez plus vite et vous retiendrez mieux le contenu.

Bâcler vos notes de lecture

Prendre des notes de lecture est vital lorsqu’on traite une telle quantité d’informations que celle nécessaire pour une recherche doctorale.

Il faut que ces notes soient prises de manière à ce que vous puissiez les utiliser lorsque vous aurez à rédiger vos publications et votre thèse, sans avoir à relire chaque texte.

Bien prises, vos notes contiennent toute l’information dont vous avez besoin pour rédiger.

Aussi y passer du temps pendant que vous lisez est un investissement dont vous vous féliciterez au moment de rédiger. Structurez vos notes de lecture.

Mélanger vos commentaires personnels à vos résumés dans vos notes de lecture

Lorsque vous prenez des notes, il faut que vous puissiez vous en servir longtemps après pour vos travaux de rédaction. Faites bien la différence entre les citations de l’auteur (entre guillemets), votre reformulation de ses pensées et vos propres commentaires.

Ainsi vous pourrez vous servir de vos notes sans courir le risque de vous voir accuser de mauvaise interprétation. Il faut que vos commentaires personnels se distinguent des idées de l’auteur.

Cette précaution vous aidera également à éviter le risque de plagiat : ce risque ne commence pas quand on rédige sa thèse, mais quand on prend des notes.

Sur le moment, on sait que la phrase est d’autrui, mais 6 mois plus tard, on l’oublie parfois et on se l’attribue naïvement.

C’est un geste qui peut coûter cher et dont vous vous préviendrez en différenciant clairement qui parle dès la prise de notes.

Prendre des notes de lecture avec du copier-coller

Vous avez peu de temps, vous voulez aller vite : vous copiez-collez un bouquet de phrases importantes, qui sur le moment sont pleines de sens.

Le problème : quelques mois plus tard, ces phrases arrachées à leur contexte ne veulent plus rien dire pour vous. Il vous0 faut donc relire le texte – pour découvrir que, finalement, ces phrases n’étaient pas si importantes que ça.

Généralement, cette relecture se fait au moment où vous voulez rédiger votre thèse. Or rédiger une thèse est en soi assez prenant pour que vous n’ayez pas besoin, en plus, de relire vos textes afin de comprendre pourquoi vous aviez isolé telle ou telle phrase.

Aidez-vous : prenez le temps pour prendre des notes formulées avec vos propres mots, des notes que vous pourrez comprendre encore dans un an.

Vous vous en féliciterez le jour où vous devrez rédiger.

Croire aveuglément tout ce qui est écrit

Ce que font beaucoup de doctorants, c’est copier-coller des bouts de texte sans même se demander si ce qu’ils copient est correct, partant de l’idée que, si c’est publié, c’est que c’est vrai.

Et beaucoup, surtout en début de thèse, se laissent bluffer par un langage obscur ou précieux (si je ne comprends pas, c’est que ce doit être profond).

Car il faut être conscient qu’il y a du bluff, parfois – en sciences comme ailleurs.

Et puis, il y a des intérêts, qui souvent jouent un rôle important : voyez qui finance une recherche donnée – les résultats peuvent être biaisés pour satisfaire un financeur.

Enfin, il faut garder  à l’esprit que derrière tout texte il y a un être humain, avec ses émotions, ses doutes, ses convictions, sa manière de voir les choses – qui peut différer de la vôtre – et l’amener à interpréter, tirer des conclusions qui sont loin de faire l’unanimité. ou simplement interprètent.

Aussi, ne prenez pas pour argent comptant tout ce qui est publié.

Faites jouer votre esprit critique.

Confrontez les textes les uns avec les autres, soyez actif, posez des questions aux textes, interrogez ce que vous ne comprenez pas – du moins si vous en avez besoin.

Lire sans vous fixer une limite de temps

Avoir un article ouvert pendant des jours sur votre ordinateur, c’est déprimant, décourageant – et inefficace. Si vous avez tendance à la procrastination, le time boxing va vous aider. Vous aider à commencer. Et vous aider à finir. En effet, en vous disant : je me donne 40 minutes pour trouver ce que je cherche, vous progresserez plus rapidement. Et si, au bout des 40 minutes, vous constatez qu’il vous faut plus de temps, rien ne vous empêche de vous donner un nouveau laps de temps.

Une stratégie efficace est nécessaire pour traiter la littérature

Lire la littérature scientifique en thèse exige une stratégie efficace. Si vous avez reconnu l’une de ces erreurs dans votre manière de lire , travaillez à la combattre – il est parfois difficile de se défaire d’une habitude bien ancrée.

Ca demande de la vigilance, mais c’est possible!

6 Commentaires

  1. Merci pour messages extrêmement utiles Je vous
    souhaite de pouvoir continuer à nous aider encore longtemps.

  2. Mache Bernard Dadié

    J’ai hâte de participer à cette formation.

  3. Je suis très lente en lecture, mais je retiens peu malgré beaucoup de temps passé sur un texte. Quoi faire?

  4. Kevin M.

    5 sur 7! je vais travailler sur ces erreurs, merci pour votre blog.

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