Sept erreurs qui vont transformer votre rédaction en enfer

Rédiger une thèse en trois mois, sereinement et en profitant de la vie? Impossible! me dit-on. Une thèse ne peut se rédiger qu’en suant sang et eau, entends-je. C’est une option, en effet. Si vous mettez en place les actions décrites dans cet article, votre rédaction sera un enfer. Promis.

Treize actions pour transformer votre rédaction en enfer

Foncer sans aucune préparation

Marine était pressée : elle ne voulait pas perdre de temps à réfléchir à l’histoire qu’elle voulait raconter, ni où elle voulait en arriver, encore moins par quel chemin atteindre son but.

Une rédaction de thèse est une expédition en terre inconnue.

Quand vous partez en voyage, vous ne préparez rien non plus : ni plan, ni GPS, ni argent, ni vêtements, ni billet d’avion. Vous n’avez aucune destination, ni aucune idée des étapes nécessaires à atteindre la destination finale.

Pour la thèse, c’est la même chose. Aussi, ne préparez rien.

Foncez dans la rédaction tête baissée.

Vous vous perdrez dans des détails.

Vous n’aurez aucune vue d’ensemble.

Vous perdrez rapidement le fil.

Et vous vous perdrez vous-même dans la masse d’informations accumulées au cours de vos recherches.

Copiez-collez des morceaux de textes

Vous vous sentirez bien d’abord, car en quelques minutes vous remplirez des dizaines de pages.

Ensuite, les problèmes commenceront :

  • comment structurer de manière logique tous ces fragments arrachés à leurs contextes ?
  • Comment les relier les uns aux autres ?
  • Et dans tout ça, comment trouver un fil directeur ?

Vous y passerez des semaines, voire des mois.

Vous n’y arriverez pas.

Arrachage de cheveux en vue.

Rédigez et faites vos recherches en même temps

Vous n’aurez pas le temps de traiter les résultats de vos recherches, de les filtrer – de les digérer.

Vous les intégrerez bruts dans votre texte.

Une réflexion critique, fruit de prise de distance et de maturation, sera impossible.

Une vision d’ensemble également.

Une rédaction stratégique menant à un objectif clairement défini sera impossible.

Le hasard de vos découvertes guidera votre rédaction.

Errance programmée.

Dites-vous bien que vous ne savez rien

Voilà trois ans que vous travaillez jour et nuit sur votre sujet.

Vous avez le sentiment de ne rien savoir.

De ne pas pouvoir commencer à rédiger.

Multipliez les lectures.

Même si elles sont rébarbatives. Même si vous connaissez le sujet par coeur.

Continuez à lire.

Surtout ne tentez pas d’écrire pour voir si, peut-être, vous en savez plus que vous ne croyez.

Surtout ne vous dites pas que c’est peut-être la peur de vous lancer qui vous fait croire que vous ne savez rien.

Vous passerez votre vie à tâcher de combler des lacunes imaginaires.

N’écrivez pas la deuxième phrase avant que la première ne soit parfaite

Et n’écrivez pas la troisième avant que la deuxième ne soit parfaite.

Vous passerez ainsi des jours sur une phrase.

La lenteur de votre progression vous sidèrera.

Désespoir assuré.

Commencez la rédaction sans vérifier que vous avez votre matériel sous la main

Attendez d’en être à la page 129 pour découvrir que le document que vous vouliez commenter a disparu, que l’expérience que vous pensiez avoir consignée est introuvable, ou que les notes que vous aviez prises soigneusement se sont perdues.

Vous pourrez alors chambouler l’ordre du texte – dans la panique.

Ou bien vous pourrez perdre du temps à rechercher les informations perdues.

Dans l’urgence.

Lorsque vous reviendrez à votre texte, vous ne saurez plus où vous en étiez.

Auto-flagellation certaine.

Rédigez votre premier jet en gardant vos documents sous les yeux

Ou mieux encore : dans l’écran même.

Tous ces documents vous donneront un sentiment de sécurité.

Vous avancerez de document en document, vous appuyant sur eux.

Vous switcherez de la rédaction (output) à la lecture (input), ce qui entravera votre rédaction.

Et comme le cerveau recherche toujours la facilité, il préfèrera l’input à l’output.

Multipliez les sources de distractions

Laissez votre smartphone sur le bureau – bien en vue. Réagissez à la moindre notification. Immédiatement.

Laissez votre messagerie ouverte. Réagissez à tout courriel dans la minute de sa réception.

Laissez les réseaux sociaux ouverts. Dès qu’un post apparaît sur Facebook & Co, allez voir ce que c’est – et surtout, réagissez! Tout de suite.

Chaque interruption interrompra le flux de vos pensées – et chaque retour à la tâche initiale demandera du temps.

Avez un peu de ténacité, vous attraperez même des migraines.

Ayez autant d’onglets ouverts que possible

Vous cherchez un terme plus précis? Allez sur un dictionnaire en ligne.

Vous cherchez une référence? Tapez sur Google Scholar.

Vous êtes en manque d’inspiration? Cherchez-la sur le Net.

Peut-être n’en trouverez vous pas pour votre thèse. Mais vous trouverez certainement un joli modèle de chaussures en promotion, ou un T-shirt original en soldes.

Non seulement vous perdrez votre temps, mais en plus vous gaspillerez votre argent.

Ne faites pas de pauses

Dormir, manger, faire du sport, voir des amis – pire : faire la fête ?

N’y pensez surtout pas.

Il faut que la rédaction de la thèse soit une vraie torture.

Plus vous souffrirez, moins claires seront vos pensées.

Plus intense sera la fatigue, moins  vous arriverez à vous concentrer.

Plus vous ferez d’erreurs.

Plus lentement vous progresserez.

Plus longtemps vous serez sur une chaise sans bouger, plus vous aurez mal au dos.

Vous produirez peut-être du texte – du texte de qualité, non.

Isolez-vous

Ne parlez à personne.

Si vous avez des difficultés à rédiger votre thèse, gardez-les pour vous.

Car, dans la solitude, les problèmes prennent des proportions cauchemardesques – en parler risquerait de les ramener à leur juste mesure.

Pire encore : leur trouver une solution.

Commettez les mêmes erreurs que d’autres ont faites avant vous.

Vous réinventerez l’eau chaude tous les jours.

Ne vous donnez pas de dead-line

Vous avez toute la vie devant vous pour rédiger votre thèse.

Plus vous avez de temps devant vous, plus vous en perdez.

C’est la loi de Parkinson : vous avez dix minutes pour ranger votre bureau? Il est rangé en dix minutes. Vous avez une journée pour le ranger? Le rangement vous prendra la journée.

Plus vous avez du temps, plus vous allez vous perdre dans les détails inutiles.

Mieux vous perdrez de vue la finalité de votre travail.

Plus vous vous éloignerez de sa fin.

Attendez le dernier moment pour commencer à rédiger

L’urgence, et bientôt la panique, vous empêcheront de penser posément, de prendre du recul sur ce que vous avez fait pendant toutes ces années de recherche.

Vous travaillerez jour et nuit, sans dormir ni manger, sous adrénaline.

Vous n’aurez pas le temps de vous relire.

Vous rendrez un texte brouillon.

Vous escamoterez à merveille tout le travail de recherche réalisé soigneusement pendant les années précédentes.

Pour finir…

Une seule de ces actions suffira à parsemer d’obstacles la rédaction de votre thèse.

Si vous en combinez quelques unes savamment, votre rédaction sera un enfer.

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